Autochtones et non-Autochtones peuvent renverser le cours des choses
Cette série de trois documents d’information porte sur le racisme tel qu’il est vécu par les populations autochtones au Canada, sur la façon de mieux l’appréhender dans un contexte historique, la façon dont il affecte les individus et les communautés, et sur les programmes, politiques et stratégies en place pour le combattre.
Dans le premier document de la série, Comprendre le racisme l’auteure Charlotte Reading décrit au fil de l’histoire le développement du concept de race utilisé pour catégoriser les différences et entretenir les hiérarchies sociales. L’idéologie du racisme provient des croyances sur les inégalités raciales qui expliquent l’injustice des traitements et l’inégalité des chances offertes à certains groupes, la plupart du temps non-Blancs ou Autochtones. L’auteur analyse différentes formes de racisme, dont le racisme épistémique, lequel s’exprime par la domination en matière de connaissances; le racisme relationnel, qui se réfère au cadre des relations humaines au quotidien; le racisme structurel, qui se manifeste souvent sous forme d’exclusion sociale; le racisme symbolique, qui s’opère de façon insidieuse à un niveau difficilement détectable; le racisme corporel, par lequel les inégalités perçues par les individus racialisés se manifestent de façon évidente avec un risque important de violence physique, de blessures, ou d’appauvrissement de la santé; et le concept d’« ignorance de race », une perspective selon laquelle les différences raciales ne sont pas importantes et qui ne tient pas compte ou nie l’existence d’une injustice fondée sur la race.
Le deuxième document, L'effet du racisme sur les autochtones et ses conséquences, élaboré par Samantha Loppie, Charlotte Reading et Sarah de Leeuw, analyse les effets du racisme structurel tel que vécu par les Premières Nations, les Métis et les Inuits au Canada. Comme les auteurs le font remarquer, le racisme est vécu de façon douloureuse par nombre d’Autochtones au Canada, « [envenime] la vie des individus et les institutions, parfois de façon imperceptible ou de façon sournoise, mais toujours de façon injuste. » Le document donne un aperçu des modes d’expression du racisme, notamment les stéréotypes raciaux et la stigmatisation, le racisme violent et le racisme structurel. L’analyse du racisme structurel fait état de l’approche paternaliste et paralysante des politiques fédérales et des institutions qui ont contribué à propager et à renforcer la discrimination envers les groupes autochtones. Ces systèmes et les méthodes préjudiciables de ses institutions comprennent la Loi fédérale sur les Indiens, les abus inimaginables perpétrés sous couvert du système des pensionnats, ainsi que la discrimination et l’injustice fondées sur la race et qui ont toujours cours, dont sont victimes les Autochtones qui ont à faire avec les systèmes de justice ou de santé. Les délinquants autochtones sont plus susceptibles de recevoir des sentences d’emprisonnement s’ils sont reconnus coupables d’un crime, et ils représentent le groupe le plus surreprésenté du système judiciaire criminel canadien. Dans le système de santé, les patients autochtones subissent souvent des temps d’attente plus longs, ont peu de références et reçoivent des traitements irrespectueux. Ces expériences de racisme au cours de l’histoire et à ce jour ont été ressenties sur des générations d’Autochtones, avec des répercussions cumulatives et des blessures collectives qui ne sont pas faciles à soigner.
Dans le troisième et le dernier document de la série, Politiques, programmes et stratégies pour lutter contre le racisme anti-autochtone: une perspective canadienne, l’auteure Charlotte Reading se penche sur la complexité des efforts à mettre en place pour combattre le racisme au Canada. Elle décrit plusieurs interventions de nature antiraciste, dont celles portant sur les médias, l’éducation anti-oppression et la compétence culturelle, au sein du système de santé et dans la police fédérale, à l’aide d’une législation qui vise à combattre la discrimination. Et pour reprendre ses mots de conclusion : « Seuls, les Autochtones peuvent difficilement combattre le racisme, à plus forte raison à un stade si généralisé, alors qu’il est profondément ancré dans les structures idéologiques, politiques, économiques et sociales du Canada. Mais ensemble, en tant qu’alliés, Autochtones et non-Autochtones peuvent renverser le cours des choses. »